Le film « Mignonnes », réalisé par Maïmouna Doucouré, traite d’un sujet de société très peu exposé : celui de l’hyper-sexualisation des enfants. Ici, il s’agit de pré-ados, âgées de 11 ans, qui, influencées par les clips de leurs artistes préférées, se lancent dans une compétition de danse à caractères sexuels.
Un phénomène de plus en plus présent, sur TikTok notamment, mais aussi sur d’autres réseaux sociaux où des adolescentes suivent les « trends » de plus en plus suggestives.
Bien que la plupart de ces tendances viennent tout droit des États-Unis, Mignonnes, diffusé sur Netflix à l’international depuis le 9 septembre, a été à l’origine du mouvement #CancelNetflix. De nombreuses accusations et plaintes ont été déposées contre Netflix pour avoir permis la diffusion de ce film sur la plateforme. Décrit comme de la pédopornographie, le film ne devrait pas, selon eux, être diffusé. L’élue démocrate de Hawaï, Tulsi Gabbard, clama sur Twitter : « La pornographie enfantine de ‘Cuties’ va aiguiser l’appétit des pédophiles et alimenter le commerce sexuel des enfants (…) Netflix vous êtes donc complice. » Une pétition circule et compte aujourd’hui plus de 600 000 signatures !
Je savais que c'était malsain mais c'est pire que ce que je croyais, la réalisatrice est complètement à côté de la plaque. C'est du pain béni pour les pédophiles. #Mignonnes https://t.co/GGkIxsUqaX
— Inés (@SultaneAimee) September 10, 2020
Ce film ne traite pas seulement de ce fléau mais aussi de la dualité subie par de nombreux jeunes entre leur environnement familial et la pression de l’extérieur. D’une dualité qui oppose modernité et tradition. Dans le film, Amy, le personnage principal de 11 ans, fait face à de nombreuses responsabilités chez elle et jongle entre plusieurs aspects de sa personnalité.
Pourtant, bien que la réalisatrice ait insisté sur la bonne interprétation de son film lors de nombreuses interviews, l’affiche officielle a été changée, remplacée par une affiche beaucoup plus tendancieuse qui porte atteinte à la pensée de Maimouna Doucouré.
Le titre du film est pourtant intelligent : même dans les situations les plus déplacées, ces filles restent des enfants et gardent en elles cette insouciance.
Malgré les protestations, le film restera sur la plateforme et démocratise le sujet qui a besoin de visibilité. Les films obéissent à la loi sur la liberté d’expression. Le cinéma quant à lui, a, depuis toujours, été une arme, un purgatoire et un miroir de notre société.
En France, le film est toujours en salle, et devrait bientôt arriver sur le Netflix français.