Cette semaine, Trente Trois Degrés vous propose son top 10 des séries, indépendamment des séries mondialement connues telles que Gossip Girl, Narcos ou bien Games of Thrones.
Qu’elles soient profondes, historiques, déjantées ou sociales, les séries nous transportent dans un autre univers, nous surprenant toujours un peu plus. Le moment est donc venu de voir ou revoir nos séries favorites.
The Wire
Produite par HBO entre 2002 et 2008, cette série est souvent citée comme un chef d’oeuvre. Il est clair qu’elle bouscule les représentations sociales habituelles de l’Amérique en ce début du XXIème siècle. Si sur cinq saisons, on suit de banales enquêtes policières, le style documentaire percute le style « bling bling » d’autres séries plus connues comme « Les experts ». David Simon, l’auteur, se moque parfois ouvertement de ces dernières.
Au travers de personnages troubles et d’une structure narrative complexe, l’auteur remet en cause le libéralisme américain, utilisant à chaque saison un prisme différent; police, commerce portuaire, politique, système éducatif et médias. Un seul élément récurrent pour toutes les saisons : la ville de Baltimore, ses ghettos et ses trafics de drogue.
Une saga du XXIème siècle comparable, pour certains, aux oeuvres de Dickens, Balzac ou Tolstoï… Cultissime !
Bates Motel (2013)
Sortie en 2013, la série Bates Motel se nourrit de l’univers d’un des films les plus remarquables d’Alfred Hitchcock, Psychose, adapté au monde d’aujourd’hui. Une esthétique remarquable qui enveloppe une ambiance gênante, faite de tensions et de mensonges. Les personnages sont tous aussi troublants et malsains les uns que les autres. La série retrace la jeunesse de Norman Bates, le tueur du film de Hitchcock; c’est donc un « prequel», genre de série qui raconte la genèse d’une histoire connue. Un duo mère-fils explosif transforme peu à peu Norman en monstre. La série nous embarque et nous pousse à en savoir plus sur cette famille dérangeante et peu ordinaire. La série comporte cinq saisons et on ne s’en lasse pas.
Le Bureau des Légendes (2015)
Cette série française dévoilée en 2015, traite de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) du point de vue des officiers du renseignement qui infiltrent sous couverture des pays étrangers. Le casting made in France n’en est pas des moindre : Mathieu Kassovitz, Sara Giraudeau, Jean Pierre Darroussin pour ne citer qu’eux.
C’est donc une série d’espionnage qui illustre le plus fidèlement possible ce qui se passe dans des bureaux gardés secrets mais qui montre aussi les enjeux géopolitiques que la notre pays traite au quotidien grâce à ces « légendes ». Des hommes et des femmes prêts à se détacher de leur véritable identité pour en endosser une autre au risque de se faire prendre. Un scénario intriguant, des histoires de coeur interdites, des situations inédites, rien ne se passe simplement au service des officiers du renseignement.
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Mindhunter
Basée sur des faits réels, Mindhunter est une série retraçant les expériences de deux agents, précurseurs du « profilage » en 1977. Les personnages principaux, tous deux ayant des zones troubles, tentent de mettre au point une méthode pour appréhender et comprendre les futurs « serial killers ». Tâtonnements, interviews de prisonniers, doutes, accrochages avec l’institution, la série nous fait voyager entre l’intime et le public.
Réalisée par David Fincher (Zodiac en 2007), cette série compte deux saisons (la troisième est en attente) et mêle plusieurs genres. L’esthétique est sobre, proche de l’hyperréalisme; les acteurs sont convaincants (Jonathan Groff, Holt McCallany et Anna Torv) et on suit l’évolution de leurs relations avec beaucoup de plaisir.
Les demoiselles du téléphone
Las chicas del cable est une série produite par Netflix en 2017. Madrid dans les années 1920, quatre jeunes femmes aux horizons différents se retrouvent engagées dans une société de téléphonie. Ce travail leur permet d’acquérir une certaine indépendance et d’échapper à la tutelle de leurs maris. Le thème principal est l’émancipation des femmes à cette époque avec un contexte historique assez bien décrit. Cette série romanesque nous tient en haleine. Le destin de ces quatre filles, qui ne se laissent pas faire et luttent pour se faire une place montre qu’elles ont plus de ressources que les hommes qui les entourent.
Suburrra
En 2017, Suburra est la première production italienne de Netflix et remporte un énorme succès. La critique du pays en est agréablement surprise car elle rompt avec les clichés trop souvent divulgués sur la mafia italienne. Suburra est le nom d’un quartier mal famé de Rome. Cette série nous fait découvrir les pouvoirs de la corruption dans un genre politico-mafieux.
On suit trois jeunes criminels qui travaillent avec la mafia ainsi que des élus de l’église. Trafiquants, prêtres corrompus et politiciens véreux; le rendu est prenant, les acteurs excellents et le scénario très bien écrit. Elle donne un éclairage nouveau de la complexité souvent fabulée de la mafia italienne.
Top Boy
La série Top Boy est en réalité découpée en deux séries : la première « Top Boy Summerhouse » réalisée en 2011, comporte deux saisons. En 2019, Drake a racheté les droits avec Netflix pour créer la troisiéme saison. Top Boy signifie « le patron », la série s’articule autour de deux personnages qui contrôlent le trafic de drogue dans le quartier Summerhouse à Londres.
Dans cette série sans artifices, les cités de Londres sont mises à l’honneur. La guerre des gangs, la jeunesse embrigadée sont les thèmes principaux. La série Top Boy est la suite de ces deux précédentes saisons, on retrouve les mêmes personnages six ans plus tard avec des problématiques différentes. Plus actuelle, cette saison est elle aussi très justement dosée et interprétée.
Euphoria
Sortie en 2019, Euphoria est elle aussi une série produite par Drake sur HBO. Cette série se crée son propre univers avec un esthétisme particulier, notamment pour ces make- up chargés et hauts en couleurs. De nombreux « behind the scene » sont disponibles pour comprendre comment le réalisateur, Sam Levinson a réussi à créer ses effets. Pendant les scènes de grosses soirées, les gens marchent au plafond et les couleurs sont inversées pour traduire les effets de la drogue. Zendaya interprète Rue, le personnage principal qui sort d’une cure de désintox à seulement 17 ans. Une belle analyse de l’adolescence moderne aussi trash et tendre qu’elle peut l’être. Le casting est incroyable et le scénario est en parfaite adéquation avec les enjeux actuels.
Happy
L’année dernière, Happy était une série sur Netflix qui en a déconcerté plus d’un. Complètement déjantée, elle met en scène un tueur à gages blessé qui se lie d’amitié avec l’ami imaginaire de sa fille kidnappée, une licorne volante. Happy est sarcastique et souvent trash. Ce mélange des genres est d’ailleurs très savoureux. Décrit par de nombreuses personnes comme un gros trip, Happy est un bijou de réalisation et d’esthétisme. De l’humour inspiré des comics mélangé à des scènes de violence sinistre, le ton est audacieux. Une série addictive.
Vampire
Sortie cette année, Vampire est une série française produite par Netflix qui met en lumière le thème récurrent des vampires mais cette fois-ci, avec une approche totalement inédite. Au coeur de la capitale, se trouve un phénomène ignoré de tous; les vampires existent. Douîna, 16 ans, interprétée par Oulaya Amamra est elle un « demi vampire », sa mère lui fabrique donc des médicaments qui lui permettent d’échapper aux restrictions d’un vampire classique. Douîna et son frère se découvrent alors un nouveau genre, ils ont une double nature.
Cette série est très réaliste, et ne nous donne pas une version carte postale de Paris, au contraire ! Une héroïne en quête de son identité, des enjeux qui parlent à tous, cette série a réussi à garder un bel équilibre et fait son entrée aux côtés des séries mondialement connues sur le même thème.
Ce n’est pas tout ! Une nouvelle série portant sur le serial killer, Charles Manson, qui 50 ans après son emprisonnement n’a pas fini de faire parler de lui sortira le 14 juin prochain. Il s’agira d’une mini-série documentaire intitulée « Helter Skelter » comme le titre des Beatles que Charles Manson avait interprété comme un appel à la guerre contre les Afro-Amercian. Une série documentaire inédite incluant des interviews d’anciens membres de sa secte dans les années 1960. La série retracera l’histoire complète du criminel qui a traumatisé Hollywood en explorant la question « Les meurtriers naissent-ils ou sont-ils fabriqués ? ». Affaire à suivre.