Phénomène assez récent, de plus en plus de joueurs signent libres dans de nouveaux clubs.
Un phénomène nouveau qui touche de plus en plus de joueurs
Dembele, Mbappe, Dybala autant de bons joueurs qui sont désormais libres de s’engager avec le club de leur choix. Si on remonte 10 ans en arrière, cela aurait été impossible de voir des joueurs d’un tel calibre, pouvant échapper à leur club actuel et partir pour une autre écurie, sans aucune source de revenus. Pourtant, depuis ces dernières années, les signatures de joueurs libres affluent.
Comment ne pas citer Lionel Messi ? Toujours sur le PSG on peut citer Ramos ou Donarumma. Hors-échelle française, on peut parler du Bayern Munich, qui fait signer Tanguy Kouassi (ou Nianzou) libre. En Italie, on peut évoquer la Juventus Turin, qui fait signer Ramsey ou encore Rabiot libres (le français étant un peu plus satisfaisant que le gallois). En Angleterre, Thiago Silva, qui signe libre à Chelsea (car pas prolongé avec Paris).
Les raisons : Covid ? Absence de revenus ?
Phénomène international, cette évolution contractuelle du joueur peut s’expliquer de diverses façons. Tout d’abord, il est intéressant de se pencher sur le paradigme économique. Phénomène international depuis deux ans, le covid n’est pas exogène au phénomène. De fait, de nombreux clubs ont souffert d’un déficit financier, en cause ? Même si le réflexe serait de penser à l’absence de revenus via la billetterie, ce n’est en réalité qu’une petite partie.
Néanmoins, à l’heure de la mondialisation, force est de constater qu’une majorité de clubs de foot appartiennent bien souvent à des propriétaires et fonds d’investissements étrangers. Le PSG et le Qatar, Manchester City est les Émirats Arabe Unis, Manchester United et les Américains, l’Inter Milan et la Chine… Les exemples sont nombreux.
L’Inter et la Chine, l’exemple type
Si l’on se penche sur le dernier exemple, c’est peut-être le plus parlant en termes d’absence de revenus. Propriété du fonds d’investissements chinois Sunning, l’Inter peut se vanter d’avoir remporté la Série A en 2020. Néanmoins, ce sacre est en réalité l’arbre qui cache la forêt.
En effet, la vente de Lukaku ou d’Hakimi, ne relèvent pas forcément d’une stratégie sportive, mais d’une stratégie économique. À la suite de la pandémie de Covid, la Chine a décidé de changer de stratégie économique. Et cela spécifiquement sur les entreprises investissant à l’étranger. Cette volonté protectionniste, s’est traduite par une coupure des investissements faits à l’étranger.
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De fait, l’Inter n’a pu bénéficier de réels revenus poussés par son propriétaire. Les ventes d’Hakimi et de Lukaku, s’avérant de belles opportunités financières, quoi de plus normal de vendre afin de combler un déficit inquiétant ?
Logiquement, si les clubs ont moins d’argent, le budget des transferts en est affecté lui aussi. Il devient donc nécessaire, pour les clubs de réduire les frais lors de transferts. Économiquement, il devient de plus en plus intéressant pour les clubs de faire signer des joueurs libres.
Une stratégie rentable pour tous
La stratégie est simple : le joueur vient libre et ce dernier peut jouir d’une énorme prime à la signature ainsi que d’un très bon salaire (prenez le cas de Messi par exemple). Si les montants des primes à la signature et des salaires, peuvent paraître mirobolants, il est en fait extrêmement rentable de procéder de la sorte. Tout le monde sort gagnant de cette histoire, les clubs économisent des frais de transfert, ainsi que d’éventuels pourcentages à verser lors d’une revente. Le joueur, lui, encaisse un énorme chèque, qu’il n’aurait peut-être pas obtenu avec un transfert payant.
L’intérêt économique mais pas seulement
Outre le paradigme économique, on peut se pencher sur l’évolution du statut de footballeur. D’un point de vue philosophique, on assiste peut-être à une prise de conscience que l’on pourrait qualifier de marxiste (même si le terme est largement exagéré). Paradoxal, dans un milieu rongé par l’ultra-libéralisme et par un capitalisme froid, aux antipodes de l’émotion que procure le sport qu’est le football. On assiste, à une prise de conscience du joueur.
Philosophiquement, on peut illustrer ça par une prise de conscience du travailleur, qui réalise qu’il détient la force de production. Une force de production qui jouit d’une forte demande. Le footballer, via sa prise de conscience, réalise que sa force de production fait de lui un être à part, et fait donc de lui un homme libre.
De fait, il peut voguer vers de nouveaux horizons et ne pas forcément se soumettre au patronat. Symbole de cette nouvelle défiance ? Paulo Dybala, qui suite à un but, célèbre en fixant longuement la tribune où se trouvent ses dirigeants. Les images font rire, impressionnent, mais surtout, elles traduisent la prise de pouvoir des joueurs, qui souhaitent s’émanciper du système traditionnel, où ils ne sont que valeurs marchandes. Paradoxal vous avez dit ?
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