Nous avons récemment eu l’occasion de rencontrer HIM$ lors d’une interview pour en savoir sur cet artiste en pleine expansion, dont la musique et les connexions traversent l’Atlantique.
Connu dans le milieu underground parisien depuis plusieurs années, HIM$ nous a accordé une interview pleine d’énergie et de références en tout genre.
Peux-tu te présenter pour nos lecteurs qui ne te connaîtrait pas ?
Je suis HIM$, rappeur originaire de Paris, et j’ai 25 ans.
Quelle est la signification d’HIM$, et d’où en est-il tiré ?
HIM$, c’est venu comme ça ! J’avais grave kiffé le son M’$ d’A$AP Rocky, qui signifie million aux states, et j’ai juste rajouté « HI- » devant, pour qu’au final ça donne HIM$. J’aimais bien comment ça sonnait, et c’était un délire sur le moment.
Te reconnais-tu dans l’image de rappeur underground que l’on peut te donner ? Et si oui, comptes-tu sortir de cette case ?
Franchement ouais. Après le but n’est pas forcément de rester dans cette case. En vrai tous les artistes souhaitent vivre de cet art, mais cela dépend quelle filière tu vas vouloir prendre. Si tu en choisis une moins mainstream, tu peux être certain que ça va prendre plus de temps.
Après, on est inspiré d’une scène américaine qui n’est pas aussi développée en France, même si elle croît de jour en jour. Donc c’est sûr que le chemin sera un peu plus long que si on avait été au states, où c’est une peu plus démocratisé et où ils sont vachement dans le divertissement. Mais si on fait ce qu’on aime, underground ou non, c’est ce qui compte, et ça payera toujours un jour ou l’autre.
Quelles sont tes inspirations ?
En ce moment, je m’inspire de moi-même. Je prends ma musique, et j’essaie d’intégrer de nouveaux éléments un peu plus actuels, surtout au niveau des prod. Le but c’est que je puisse en sortir une meilleure version de moi-même à chaque fois. On va dire que ma musique, c’est du 50% de moi et 50% de ce qui se fait actuellement, histoire de créer un mélange cool qui plaira à moi et à mon public.
Quel est le ou les artistes qui t’ont influencé le plus ?
À l’ancienne, je dirais Kanye West et Travis Scott essentiellement, surtout au niveau du mix. Après je pense que tu t’inspires d’un peu partout. Tu peux pas vraiment être inspiré par une seule et même personne. Sauf si t’écoutes vraiment qu’un seul artiste, mais c’est clairement pas mon cas. En plus d’écouter beaucoup de rap, j’écoute beaucoup d’artistes, plus ou moins connus.
Que penses-tu de la nouvelle génération d’auditeurs par rapport à avant ?
Elle est totalement différente de la nôtre, celle qui a grandi dans les années 2000. Quand t’es petit, en général t’écoutes « obligatoirement » des trucs mainstreams. Mais là tout a changé.
À l’ancienne, c’est limite comme si on ne te formatait pas. Tu prenais les informations qu’on te donnait par les canaux basiques, genre la TV, la radio, les clips sur MTV et tout. Alors que maintenant t’as les plateformes de streaming et un accès à Internet beaucoup facile et démocratisé, en plus de tout le reste. Tu peux te créer ton propre univers d’écoute.
Tandis qu’avant, tout le monde écoutait les mêmes hits (souvent pop) qui tournaient en boucle. Tu passes du Shakira en soirée, tout le monde va chanter et danser, parce que ça a matrixé notre génération.
« La musique c’est ma passion, et ça n’a pas de prix ! »
Tes proches te soutiennent dans ta musique et tes projets ?
Carrément ! Mon entourage le sait depuis longtemps d’ailleurs, et ils sont très contents pour moi, même mes darons. C’est ma passion, et ça n’a pas de prix ! Je ne voulais pas d’une vie monotone, dans le schéma du métro-boulot-dodo. Quand tu kiffes faire quelque chose, il faut juste persévérer avant de te dire que c’est mort. La passion et la persévérance, ce sont les deux moteurs, et ce, dans n’importe quel domaine.
Ta relation avec le beatmaker APHER?
APHER ? C’est mon sang ! On s’est connu à travers Beamer. En plus on est né à un jour de décalage, du coup on est de la même génération, ça nous a pas mal aidés.
Sinon dans la musique c’est mon ingé-son. Il fait 50% de ma musique, et même parfois il arrive à finir mes textes (rires). Ce qui est fort avec lui, c’est que quand on se retrouve en studio, il met une « bonne pression ». Dans le sens où tu ne travailles pas pour quelqu’un, mais avec quelqu’un, en complémentarité. Le groupe se motive, tout le monde travaille à fond, et à la fin on ressort avec quelque chose dont on est tous fiers. Il apporte une énergie qui vient perfectionner le processus de travail, et qui contribue à ce que je propose en terme de musique.
Après je kiffe collaborer avec d’autres gens aussi, mais lui on va dire que c’est ma base. De toutes façons, on est pour l’instant que tous les deux dans le label en tant qu’artistes, entres guillemets.
Péripétie est une mixtape avec beaucoup de titres. Comment s’est faite la construction de ce projet ?
Ça a été un très long processus. Au début, je voulais faire deux projets : « Noir » avec des titres assez sombres, et « Blanc » qui aurait été beaucoup plus doux et léger.
Pour constituer tout cela, je fais mes sons et je les classe dans le dossier en rapport avec l’univers du son. Et avec l’arrivée du Covid-19, avec mes gars on allait au studio, et je construisais Noir et Blanc parallèlement. Mais pendant tout ce temps, 6-8 mois se sont écoulés où je n’ai rien sorti, et je voulais sortir quelque chose de gros, tu vois ?
En plus au même moment, Playboi Carti avait sorti un projet assez long, et je me suis dit qu’un 22 tracks, ça glisse sans problème en vrai. Donc j’ai décidé de sortir 3 singles dans un premier temps, puis de sortir le projet Péripétie, qui comprend les trois sons déjà sortis.
Pourquoi avoir quitté le Summum Klan (8848) ? Et as-tu néanmoins gardé contact avec les autres membres ?
Aucune embrouille ou quoi, je voulais juste partir en solo, et être un peu plus indépendant. D’autant plus qu’à ce moment-là, on ne faisait plus grand-chose. Pour ce qui en est des autres membres, bien sûr que j’ai gardé contact ! Carrément j’ai fait un son avec JMK$ sur le projet 243 et on se voit parfois sur Paris.
« Je passais du temps avec A$AP Ant en studio »
Comment s’est faite la connexion avec les membres du A$AP Mob ?
Grâce à mon gars Lucien qui connaissait A$AP Nast. On se posait souvent ensemble quand ils venaient à Paris. On les aidait à profiter de la ville et on les emmenait dans des endroits cools. Avec A$AP Ant, quand il a fait une tournée européenne, on passait du temps ensemble en studio et on a fait deux sons. Après, avec le temps, vu qu’on se voyait dès qu’ils [A$AP Mob] passaient en France, on les accompagnait pendant leurs tournées et durant certains festivals. On a même été à Disneyland ensemble ! La connexion s’est faite naturellement. À force de parler au fil du temps, que ce soit de musique ou d’autres sujets de la vie, tu crées des liens.
Que penses-tu de la relation artiste – public ?
Avant, j’étais comme beaucoup de monde : j’avais aussi une sorte de « sacralisation » vis-à-vis d’un artiste. Puis j’ai su couper cette vision qui peut être malsaine, surtout pour les plus fanatiques. Vers mes 16-17 ans, j’ai côtoyé des gens que je kiffais d’un point de vue artistique. Et à force de d’échanger avec eux, que ce soit en français ou en anglais, j’ai acquis une certaine aisance, avec des échanges beaucoup plus faciles et moins effrayants. Il faut juste prendre conscience que l’artiste est une personne comme toi ou moi !
En plus, comme je suis des deux côtés (auditeur et artiste), j’ai une certaine vision de ce sujet. Quand je suis dans la rue, je déteste quand on me guette de loin. Je trouve ça chiant. Si tu veux venir me parler, tu peux venir, il n’y a aucun souci ! Personnellement, je n’hésite pas une seconde à te parler dans la rue et te dire que je trouve ta paire grave lourde si je le pense. Je vais clairement pas me retenir. Après tout on est là pour se donner du love et de l’énergie. Le seul truc c’est qu’il faut se respecter. Après tout, on est juste des êtres humains.
Un pour mot la fin ?
Merci à tout le monde pour la force, et faudra streamer fort Trapstar vol.3 quand il sortira dans quelques semaines !
Photos : © FREEDADOU! pour Trente Trois Degrés
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