Protagoniste du web documentaire Legend(e)s, réalisé par l’association Women in Games France ainsi que par l’équipe professionnelle GamersOrigin, Vélouria est une véritable mordue de jeux vidéo et d’esport. Surnommée “Salty Viki”, la jeune gameuse de 25 ans à accepter de répondre à nos questions dans le cadre d’une interview, afin de mieux comprendre l’origine de son talent, son parcours et ses ambitions futures.
Qui ose encore dire que les femmes n’ont pas leur place dans l’esport ? Avec des visages comme celui de Salty Viki, l’univers du jeu vidéo est appelé à changer en profondeur pour s’ouvrir sur un nouvel âge plus inclusif, loin des remarques déplacées qui pullulent en ligne. Aujourd’hui, vous allez en découvrir plus sur cette joueuse à l’avenir prometteur, dont l’histoire inspirera toutes celles qui rêvent de marcher sur ses pas.
D’où est né un tel intérêt pour les jeux vidéo ? Et surtout cette passion pour League of Legends ?
J’ai très vite accroché aux jeux vidéo, notamment grâce à mon père, un grand fan de la licence Zelda. Petite, aux alentours de 5 ans, dès que j’y jouais, je ne m’avançais pas dans la trame principale, je montais simplement sur le cheval Épona et je parcourais le royaume d’Hyrule avec Link.
J’ai eu la chance d’avoir des parents compréhensifs, qui m’ont toujours laissé jouer aux jeux vidéo. Sur le trajet aller et retour de l’école ou encore le soir avant de dormir, je pouvais m’amuser avec ma DS.
Par rapport à League, j’ai eu le malheur de perdre ma maman il y a quelques années, je suis alors rapidement tombée dans une sévère dépression. Je me suis ainsi refermée sur moi-même, je ne sortais presque plus. C’est alors que j’ai commencé à jouer à League of Legends. C’était le jeu du moment à l’époque, que ce soit sur Twitch ou sur YouTube, et ça l’est encore plus aujourd’hui…
À force de jouer à League, j’ai commencé à m’intéresser au circuit compétitif, mais je restais encore enfermée chez moi, comme une geek. Puis j’ai rencontré mon copain, ça m’a poussée hors de ma zone de confort, j’ai recommencé à sortir et à avoir une vie sociale.
Dis-nous en plus sur ton expérience de jeu sur League of Legends…
Avant League of Legends (LoL), je jouais à un jeu que personne ne connaît, nommé Pirate Galaxy. Dessus, je jouais déjà DPS (dégâts par seconde), une classe semblable à ADC sur League. Il fallait jouer intelligemment et savoir bien se positionner. Du coup, quand j’ai commencé LoL, j’avais déjà des prédispositions pour le poste d’ADC et je ne l’ai plus lâché jusqu’à aujourd’hui.
J’ai déjà voulu essayer le rôle de support, mais c’est un rôle où il existe énormément de clichés sur les femmes. Alors, je m’empêche d’apprécier ce rôle pour éviter de subir du harcèlement.
Pour ce qui est du classement, j’ai commencé le jeu à la fin de la saison 4 et je suis rapidement montée en Solo Q. Les saisons d’après, je suis toujours montée diamant. Mis à part la saison dernière où grâce à l’association Women in Games et l’incubateur, j’ai pu atteindre le Master. Il faut dire que le Set up aide beaucoup, avoir un bon ordinateur et une bonne connexion internet ça évite pas mal de problèmes.
Concernant mon style de jeu, toutes proportions gardées, j’ai un style de jeu à la Rekkles. Je farm beaucoup et je sais jouer safe (prudemment) pour être utile pendant la partie. Après, je suis capable de passer du tout au tout, en fonction de la situation.
Au niveau des champions, j’aime beaucoup les AD carry qui lance des sorts, comme Xayah, Miss Fortune, Kai’sa ou encore quelques personnages AP comme Ziggs.
Comment s’est concrétisé le web documentaire “Légend(e)s » ?
Je m’étais déjà renseignée pour jouer en équipe, féminine principalement, et grâce à ça, j’avais déjà eu l’occasion d’appréhender le monde compétitif. Début 2021, l’association Women in Games avait publié une offre de recrutement pour rejoindre l’incubateur. C’est réellement à partir de là que ma vie a recommencé…
Par rapport à l’offre de recrutement, c’était sur inscription, puis sur entretien. Concernant ce dernier, j’ai dû me présenter, parler de mes motivations sur le jeu, expliquer mon objectif dans le monde féminin de l’esport ou encore décrire notre gameplay et notre comportement dans la vie. Finalement, j’ai eu la chance d’être sélectionnée avec une Française, surnommée « Noxtra », et également deux autres internationaux.
Au sujet du documentaire, on m’avait prévenu qu’on allait tourner quelque chose, mais je ne m’attendais pas à un projet d’une si grande envergure. J’aurais accepté dans tous les cas, l’expérience était tellement inoubliable et c’est super un tel projet pour les femmes.
« Mon principal objectif était surtout de faire accepter les femmes dans le milieu compétitif des jeux vidéo. »
Quels étaient tes objectifs personnels avec l’incubateur et avec ce web documentaire ?
Bien évidemment, cette aventure, c’était l’occasion pour moi de progresser sur le jeu. Mais mon principal objectif était surtout de faire accepter les femmes dans le milieu compétitif des jeux vidéo.
Je veux que les femmes osent jouer en compétition. Je trouve que l’on a jamais été habituée à cela, à avoir cette mentalité pour jouer sérieusement et professionnellement. La majorité des femmes jouent aux jeux de manière “casual”, parce qu’elles pensent injustement ne pas pouvoir espérer mieux. Il faut changer les mentalités et surtout habituer les hommes à jouer avec des femmes.
Quels sont, selon toi, les moyens pour faire évoluer les mœurs dans l’univers du gaming ?
Pour moi, tout repose sur l’éducation. Si dès l’enfance, ton père et ta mère te disent que c’est normal qu’une fille joue aux jeux vidéo, alors ce sera normal pour toi quand tu seras adolescent ou encore adulte.
C’est entre autres l’un des problèmes de notre génération. Voir une fille jouer aux jeux vidéo n’était pas quelque chose d’ordinaire. Du coup, en grandissant, cela s’est répercuté sur le monde du gaming et a entraîné les diverses dérives que nous connaissons aujourd’hui (harcèlement, préjugés, discrimination…).
Alors pour essayer de changer ça, j’aimerais réellement me rendre dans des collèges, rencontrer des jeunes et les sensibiliser. Leur faire comprendre que tout le monde peut jouer aux jeux vidéo, peu importe s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon.
« Dans le domaine du gaming pro, il n’y a que 7 % de femmes, c’est trop peu… «
Comment juges-tu, aujourd’hui, le rôle des femmes dans le gaming ?
J’ai l’impression que dans les métiers du jeu vidéo, il y a 50/50 en matière de répartition des sexes, mais dans le domaine du gaming pro, il n’y a que 7 % de femmes, c’est trop peu…
Le monde professionnel de l’esport est bien plus grand qu’on pourrait le penser. Il y a plein de secteurs (finance, ressource humaine, management…) essentiels pour l’esport et qui sont représentés par des femmes.
Par exemple, dans les locaux de G2 (équipe esport de renom), il a près de 50 % de femmes. Donc c’est forcément agréable quand tu es une femme de travailler là-bas. Tu ne te sens pas comme “un alien” dans ce milieu.
Tu as partagé la tête d’affiche du documentaire avec une autre gameuse, comment s’est déroulé votre relation ?
Avec Noxtra, on se connaissait un peu grâce aux réseaux sociaux, mais ce fut une super découverte. Dès le début, on s’est super bien entendue et aujourd’hui, nous sommes encore en contact. Grâce à l’incubateur, on est devenu amie.
Pour ce qui est du reportage, on se voyait seulement durant les événements communs. Il n’y a eu aucun problème majeur entre nous, c’est réellement une chouette personne.
À la Lyon esport, nous devions nous partager un seul rôle d’ADC pour deux. C’était le seul point un peu frustrant, car nous sommes deux compétitrices et nous souhaitions chacune jouer toutes les parties pour gagner.
Avec les récentes expériences que tu as vécues, dans quel secteur professionnel souhaites-tu t’orienter ?
J’aimerais bien m’orienter dans l’événementiel, comme le streameur Zerator par exemple. Organiser des événements et des tournois esport pour partager des moments exceptionnels.
Avoir un poste au plus proche des équipes esports est également quelque chose qui m’attire. Pouvoir gérer les équipes professionnelles, les accompagner au quotidien, m’occuper du recrutement ou encore du management, sont des missions qui m’animent et m’intéressent énormément. C’est un milieu passionnant auquel je souhaite m’inscrire dans la longueur.
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