Nous avons tous un ou plusieurs albums qui nous ont marqué. Que ce soit par leur storytelling, la manière dont ils défendent une cause, ou tout simplement parce que l’artiste se renouvelle. Trente Trois Degrés vous présente son top 15 des albums à (ré)écouter sans modération.
IAM – L’école du micro d’argent
En 1997, le groupe marseillais crée la légende du micro d’argent. Nés sous la même étoile, L’empire du coté obscure, Demain c’est loin… Seize titres et seize hymnes légendaires.
Un monument, c’est le mot le plus approprié pour définir L’Ecole du micro d’argent. Un flow pur, une plume fine et incisive, une énergie débordante, c’est ce que nous offrent les rappeurs marseillais.
Aujourd’hui disque de diamant, c’est un album largement inspiré du rap new-yorkais. Et pour cause, IAM sont partis enregistrer l’album aux États-Unis (pour finalement l’enregistrer une deuxième fois à leur retour en France). Vous avez l’impression d’entendre le Wu Tang Clan en écoutant Petit Frère ? C’est normal, le groupe a utilisé le sample de C.R.E.A.M et l’ont remixé à leur sauce pour nous offrir le morceau indétronable.
Booba – Temps mort
Premier album en solo de Booba, Temps mort sort en 2002. L’album, aujourd’hui disque d’or, comprend des morceaux tels que Ma Définition, Strass et Paillette ou encore Temps Mort, le morceau éponyme qui sert d’introduction à l’album.
Avec Temps Mort, Booba imagine des paroles qui valsent entre ego-trip, thèmes conscients (comme le temps ou la mort) et « jmenfoutisme ». Malgré tout ce fouillis, le duc réussit à trouver une cohérence qui transforme ses phrases chocs en coups de poing, ses morceaux en classiques et son album en légende.
Diam’s – Dans ma bulle
On le sait, Diam’s est l’une des seules à avoir eu un pied bien posé dans le monde testostéroné du rap français. Et avec son album Dans ma bulle sorti en 2006, on comprend pourquoi.
Troisième album de la rappeuse, l’album est aujourd’hui certifié diamant. Pour cet album, Diam’s nous propose des classiques qui accompagneront nos moments les plus sombres (avec Confessions Nocturnes ou Dans ma bulle) comme nos moments joyeux (avec Jeune Demoiselle). Entre franc parler, titres militants ou intimistes et ton plus léger, Dans ma bulle nous a prouvé que Diam’s avait plus que jamais sa place dans le milieu du rap.
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Rohff – Le code de l’horreur
En 2008, le jour de son anniversaire, Rohff sort Le code de l’horreur. La légende dit que le rappeur a écrit la plupart des morceaux de son album pendant son incarcération, entre juillet et novembre 2007.
On comprend alors les titres Repris de justesse ou encore Si seul. Accompagné de voix féminines comme Amel Bent pour Hysteric Love ou de grands noms du reggae, Junior Reid pour Progress, Rohff est comme à son habitude, explosif comme son rap, tranchant comme ses paroles et authentique comme il ne l’a jamais été.
Sexion d’Assaut – L’école des points vitaux
La Sexion d’Assaut nous offre en 2010 L’école des points vitaux, le deuxième album du collectif. Aujourd’hui triple disque de platine, l’album est à la fois l’aboutissement des années de freestyle vidéo, de street albums et de mixtape et surtout une porte ouverte à l’ascension des rappeurs, en groupe puis en solo.
Sur cet album, on retrouve des classiques, tantôt colorés et dansants (Wati By Night, Casquette à l’envers) tantôt plus sombres et ghetto (Paname lève toi, Désolé). Mais ce qu’on sait, c’est qu’avec l’Ecole des Points Vitaux, le collectif a su apporter une touche joyeuse au rap, une énergie nouvelle et une dynamique qu’on sent au sein de tout le groupe.
Kaaris – Or noir
Ayant largement influencé toute une décennie du rap français, Or noir est sorti en 2013.
Avec Or Noir, on fait la connaissance de nouveaux genres (cloud-rap, afrotrap…), encore mal connus du public français, l’univers hyper-sexualisé du rappeur sevranais et des punchlines sales et violentes, très ancrées à la street. On apprend également à aimer des morceaux d’une vulgarité brutale tels que Bouchon de liège ou Zoo parce que c’est ça Or Noir : les femmes sont des « chiennes » et les mères des « p*tes ». Au-delà de ses propos polémiques et révoltants, Kaaris a réussi à séduire le public français avec des titres comme Or Noir dont la technicité du rappeur est irréprochable.
Aujourd’hui considéré comme un pilier de la trap française, Or Noir est indiscutablement un des albums les plus influents, un de ces albums qui laissent leur héritage.
Joke – Ateyaba
Drogue, argent coulant à flot, sexe, ce sont les thèmes que Joke (aujourd’hui Ateyaba) a choisi de traiter dans son album sorti en 2014, Ateyaba.
Accompagné comme toujours de son flow nonchalant, le rappeur montpelliérain nous dévoile une luxure poétique et pas moins envoûtante. Avec les morceaux Venus ou encore Jen Selter, Joke laisse le mic de côté et devient un poète obscène qui dépeint un stupre délicieux. Sans pour autant oublier les classiques On est sur les nerfs ou Majeur en l’air, à l’époque considérés comme des ovnis du rap français !
Jul – Dans ma paranoïa
Premier album de Jul sorti en 2014, Dans ma paranoïa fait partie des classiques du rappeur que les fans dignes de ce nom se doivent d’écouter.
On retrouve Jul tel qu’on le connaît, avec sa dose d’autotune, ses sujets de prédilection (drogue, femmes, quartier, et trahisons). Sans oublier les feats made in Marseille qu’on retrouve sur l’album, Kalif Hardcore, Soso Maness… Et quand on mélange le tout, cela nous donne des classiques comme J’oublie tout, Tu la love, Dans ma Paranoïa, ou encore Sors le cross volé.
SCH – A7
Avec sa mixtape A7 sortie en 2015, SCH signe à jamais son entrée dans le rap game français.
Accompagné de sa patte énervée ainsi que de son flow incisif et viscéral, le rappeur marseillais nous propose une mixtape aujourd’hui double disque de platine. Ce sont les productions brumeuses qu’on retient d’A7, toujours embellies par des paroles crues qui font de ses morceaux des hits inoubliables. Entre Fusil, Champs Elysée et Gomorra, le S pose les bases de son monde : entre gangsta rap à la française et lyrisme digne des plus grandes plumes.
Sadek – Johnny Niuum Ne Meurt Jamais (JNNMJ)
Le 13 avril 2015, Sadek nous livre JNNMJ, une mixtape illustrant à la perfection son attachement à la banlieue et à sa réalité.
Le rappeur originaire de Neuilly-Plaisance est monté en puissance avec notamment le succès de titres comme NRV, Banlieue ou encore Heisenberg et C’est Clair en featuring avec Sillax. « La trap permet à plus de monde de venir vers le rap, elle permet de se vider le coeur, elle soulage », confiait-il à Booska-p à la sortie de l’album.
Ninho – M.I.L.S
Après avoir sorti les deux volets d’I.S.P.A.C (Ils sont pas au courant), Ninho sort en 2016 M.I.L.S (Maintenant Ils Le savent). Entouré des grands noms du rap français (Niska, Sadek…) Ninho nous conte sa rue avec son kickage hors pair habituel dans Soleil ou dans Tout ira mieux.
Pourtant pour ce projet, Ninho délaisse un instant les freestyle hardcore et techniques qu’on lui connaît et se plonge dans des ambiances plus mélodiques et des textes plus intimes. Prenons par exemple le classique Dis moi que tu m’aimes ou encore Sourire, qu’il dédie à sa mère!
PNL – Dans la légende
Plus que jamais sur le devant de la scène du rap français, les deux frères originaires des Tarterêts nous proposent en 2016 Dans la légende, un projet aujourd’hui disque de diamant.
C’est avec leur mélancolie que le duo s’empare des thèmes qui leur sont chers : l’argent, l’amitié, la drogue, la cité. Et tout ça avec une trilogie de clip qui conte l’histoire de leur cité telle qu’ils la voient. Malgré les sujets sombres qu’ils abordent, les deux frères apportent une dimension mélodique à leurs morceaux. C’est ainsi que le public français est conquis par des morceaux comme Jusqu’au dernier gramme, Onizuka, Naha… Des titres qui font rentrer le duo dans la légende.
Hamza – 1994
En 2017, le public français se voit offrir la nouvelle mixtape 1994 du rappeur belge qui fait sensation : Hamza.
On découvre un Hamza qui se livre dans Life ou Pas de remords ou un Hamza dansant avec des titres dansants comme Vibes. Au choix. Ses lyrics blingbling et d’une vulgarité séduisante qui déborde de spleen, son flow entre R&B et auto-tune, et ses refrains entêtants font de 1994 un album enivrant et hypnotique.
Damso – Lithopédion
Après s’être imposé dans le paysage du rap français, Damso offre au public Lithopédion, en 2018. Son flow nonchalant et sa voix grave et chaude toujours au rendez-vous, le belge se révèle être plein de doutes dans cet album. Après Batterie Faible et Ipséité où on rencontrait un Damso sûr de lui, le rappeur est, avec Lithopédion, sans cesse en questionnement sur qui il est.
Si avec cet album, le rappeur s’enfonce dans les ténèbres avec des thèmes comme la pédophilie (Julien), le rappeur n’en est pas moins poétique. Damso a laissé de côté les punchlines tout bonnement sales, pour les embellir et leur apporter une dimension onirique. Et tout ça avec une technicité parfaite comme on le remarque dans Smog ou Feu de Bois.
Pour comprendre, il faut écouter l’album, parce que Lithopédion ce n’est pas seulement un projet qui étoffe le personnage de Damso, Lithopédion c’est une expérience dont on ne ressort pas indemne.
Nekfeu – Les étoiles vagabondes
Après deux ans et demi d’absence, Nekfeu ravit ses fans avec Les étoiles vagabondes en 2019. Aujourd’hui disque de diamant, l’album est accompagné d’un documentaire intimiste et qui nous présente un Nekfeu qui faisant face à une impasse artistique.
Avec les étoiles vagabondes, on suit le rappeur aux quatre coins du globe. On s’envole pour la Nouvelle Orléans quand on entend l’influence jazz de Ciel noir, on se rejoint en Grèce avec Oyà Kayà… Accompagné de grands noms de la scène musicale française (Damso, Vanessa Paradis…), Nekfeu est comme à son habitude, d’une technicité déconcertante.